Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/49

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— Quoi de nouveau ?

— Pas grand’chose. Nos deux oiseaux sont remisés. La correspondance du Bourget est passée il y a dix minutes, revenant de Pantin ; nous voilà tranquilles pour toute la nuit.

— C’est de la chance ! Et là, dans le Château ?

— Les maîtres sont absents ; les concierges ont leur logement de l’autre côté, dans le village. Cette entrée-ci est pour ainsi dire abandonnée ; on n’y passe jamais.

— C’est bon à savoir ; la grille ?

— Elle est ouverte sans effraction.

— Peut-on entrer sans risque dans la cour ?

— Très bien ; les concierges dorment. Quand même ils seraient éveillés, ils ne verraient et n’entendraient rien, ils sont séparés de nous par toute l’épaisseur du Château ; il y a à droite de la grille un hangar dans lequel la voiture sera complètement cachée.

— C’est fait pour nous. Va rejoindre les camaros, et dis-leur de se tenir prêts. Dans un quart d’heure, nous vous rejoindrons : nous serons trois. Et maintenant, tire-toi les pieds, il n’est que temps !

— Cristi ! fit l’autre, plus que ça de chic ! Je ne sais pas si t’es rupin ! merci !

— Fais pas attention, j’ai dîné avec l’empereur et madame son épouse ; tu sais que je suis un de ses amis, répondit Caboulot en riant.

— Pardi ! c’est pas malin, y en a ben d’autres qui ne te valent pas, qui sont toujours fourrés chez lui.

— Allons, esbigne-toi, ma vieille branche, ça chauffe ! Pour l’instant nous n’avons pas le temps de parler politique.

— Tu as raison, je me la cours ; à bientôt !

Le Gouape tourna sur les talons et partit en courant.

Caboulot retourna à la voiture.

En l’entendent approcher, les deux hommes, qui causaient vivement entre eux, à voix basse, se turent subitement.

— Eh bien ? demanda le Mayor en jetant son cigare.