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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/7

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Et voilà tout.

C’est charmant ; on n’a plus qu’à tirer son chapeau et saluer ; toute protestation serait inutile.

Donc la foule était nombreuse, mais les sergents de ville faisaient défaut comme toujours.

On ne les attendit pas, on se rua sur la voiture.

Les premiers qui arrivèrent reculèrent en poussant un cri d’horreur.

La voiture était à deux places ; sur la banquette, ils avaient aperçu, affaissée, immobile et baignant dans son sang, une femme, belle et jeune encore, et très élégamment vêtue.

Son corsage, brutalement déchiré, laissait voir au côté gauche de la poitrine, au dessous du sein, une large plaie béante, de laquelle s’échappaient encore quelques gouttes de sang.

Le coup avait été porté de haut en bas et il avait traversé le cœur. Il avait été si vigoureusement frappé, que la victime avait été littéralement foudroyée.

Elle n’avait poussé qu’un cri avant d’expirer, celui que la comtesse de Valenfleurs avait entendu.

On releva le cheval complètement calmé et sans blessure ; seul le brancard de gauche de la voiture était brisé en plusieurs endroits, et ne pouvait plus servir.

Sur ces entrefaites, on entendit dans la foule ces mots, prononcés de cet accent particulier que possédaient seuls les agents de l’Empire, fonctionnaires ou autres, à quelque classe qu’ils appartinssent d’ailleurs :

— Circulez ! circulez ! sacredieu ! circulez donc que l’on vous dit !

Et quelques bourrades furent impartialement distribuées à droite et à gauche.

C’étaient les sergents de ville qui arrivaient enfin.

Dans le premier moment, ils crurent à une émeute.

Mais bientôt ils reconnurent leur erreur.

Après quelques mots d’explication assez confus, car les sergents de ville ne sachant absolument rien, il leur