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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/8

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fallait se renseigner, la voiture fut attelée tant bien que mal, un agent monta sur le siège pour conduire, les autres se placèrent aux portières de droite et de gauche, qu’ils gardaient ainsi contre la curiosité de la foule ; et l’on se rendit cahin-caha chez le commissaire de police du quartier des Champs-Élysées.

Les curieux suivirent, augmentant sans cesse, malgré les circulez ! circulez ! incessamment répétés par les agents.

Le comte Armand fit comme les autres ; il suivit, poussé comme malgré lui, par un sentiment dont il ne se rendait pas compte.

Il éprouvait une vive curiosité de savoir quelle était la victime de cet odieux attentat.

Mais son attente fut trompée ; il n’apprit rien.

Après avoir confié son cheval à son valet de pied, qui l’avait accompagné pendant sa promenade, le comte avait pénétré dans le bureau du commissaire de police, ainsi que plusieurs personnes des mieux renseignées.

Ce magistrat, avec cette urbanité correcte et un peu froide qui caractérise ces utiles et beaucoup trop méconnus protecteurs de la societé, reçut les dépositions des témoins et ouvrit aussitôt une enquête sommaire, dont le résultat fut celui-ci :

La dame, morte maintenant, venant d’un lieu ignoré, était arrivée dans une voiture de remise à deux places, qu’elle occupait seule. Au boulevard de Courcelles, elle s’était fait arrêter devant un des plus beaux hôtels particuliers du boulevard.

Cet hôtel, ainsi qu’il fut facile de s’en assurer, était celui de madame de Valenfleurs, dame fort riche, n’habitant Paris que depuis peu d’années seulement, mais très estimée, et même aimée dans son quartier, à cause de son inépuisable bienfaisance.

L’inconnue était descendue de voiture et avait pénétré dans l’hôtel de madame de Valenfleurs, où elle était restée plus de deux heures en conférence avec la comtesse.