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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

et, désespéré du sacrilége que la haine l’avait poussé à commettre, il avait cherché à se rapprocher de ses compatriotes, afin de les aider à recouvrer ce qu’ils avaient perdu par sa faute.

C’est-à dire qu’il résolut de trahir ses nouveaux amis au profit des anciens.

Cet homme était malheureusement engagé dans une voie fatale, ou chaque pas qu’il faisait, devait être marqué par un crime.

Il lui fut plus facile qu’il ne l’avait supposé d’abord de se rapprocher de ses compatriotes ; ceux-ci erraient dispersés et en proie au désespoir dans les forêts voisines de la colonie.

Le Visage-de-Singe se présenta hardiment à eux ; il se garda bien de leur révéler que lui seul était cause des malheurs qui les accablaient. Au contraire, il se fit, à leurs yeux, un mérite de son retour, leur disant que la nouvelle des calamités qui, tout-à-coup, étaient venues fondre sur eux était la seule cause de son arrivée ; que s’ils avaient continué à être heureux, jamais ils ne l’auraient revu ; mais que devant une aussi effroyable catastrophe que celle qui les avait accablés, tout sentiment de haine devait disparaître devant la vengeance commune à tirer des Visages-Pâles, ces éternels et implacables ennemis de la race rouge.

Bref, il sut faire un tel étalage de beaux sentiments et si bien faire valoir la démarche qu’il tentait en ce moment, qu’il réussit complètement à tromper les Indiens, et à les persuader de la pureté de ses intentions et de sa bonne foi.

Alors il ourdit, avec la diabolique intelligence qu’il possédait, un vaste complot contre les Améri-