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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

tard qu’il a agi inconsidérément, il a cru lever toutes les difficultés en nous offrant quelques ballots de marchandises de plus ; quand les Visages-Pâles ont-ils eu une langue droite et honnête ?

— Merci, fit en riant le chasseur.

— Je ne parle pas de la nation de mon frère ; jamais je n’ai eu à m’en plaindre, je ne prétends désigner que les Grands Couteaux de l’Ouest. Mon frère pense-t-il toujours que j’ai eu tort de jeter les flèches sanglantes ?

— Peut-être, dans cette circonstance, chef, avez-vous été un peu prompt et vous êtes-vous laissé emporter par la colère, mais vous avez tant de sujets de haïr les Américains que je n’ose vous blâmer.

— Ainsi je puis toujours compter sur l’assistance de mon frère ?

— Pourquoi vous la refuserais-je, chef ? Votre cause est toujours ce qu’elle était, c’est à-dire juste : il est de mon devoir de vous aider, je le ferai quoi qu’il arrive.

— Och ! je remercie mon frère ; son rifle nous sera utile.

— Nous voici arrivés : il est temps de prendre une détermination au sujet du Visage-de-Singe.

— Elle est prise, répondit laconiquement le chef.

En ce moment ils débouchèrent dans une vaste clairière au centre de laquelle plusieurs brasiers étaient allumés.

Cinq cents guerriers indiens, peints et armés en guerre, étaient couchés çà et là sur l’herbe, tandis, que leurs chevaux, tout harnachés et prêts à être montés, étaient entravés à l’amble et broyaient leur provende de pois grimpants.