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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

formaient un dôme épais de verdure au-dessus de ses eaux à peine ridées par le souffle inconstant de la brise : çà et là des flamants roses, des hérons blancs campés sur leurs longues pattes pêchaient leur dîner avec cette insouciante mansuétude qui caractérise en général la race des grands échassiers ; mais soudain, ils s’arrêtèrent, tendirent le cou en avant, comme pour écouter quelque bruit insolite, et, se mettant subitement à courir pour prendre le vent, ils s’envolèrent avec des cris de frayeur.

Soudain un coup de feu éclata répété par les échos de la forêt : deux flamants tombèrent.

Au même instant une légère pirogue doubla rapidement un petit cap formé par des palétuviers avancés dans le lit de la rivière et se mit à la poursuite des flamants qui étaient tombés dans l’eau ; l’un d’eux avait été tué sur le coup et dérivait au courant, mais l’autre, légèrement blessé en apparence, fuyait avec une rapidité extrême et nageait vigoureusement.

L’embarcation dont nous avons parlé était une pirogue indienne construite avec de l’écorce de bouleau, enlevée au moyen de l’eau chaude.

Un seul homme se trouvait sur la pirogue ; son rifle placé à l’avant et fumant encore montrait que c’était lui qui avait tiré.

Nous ferons le portrait de ce personnage appelé à jouer un rôle important dans cette histoire.

Autant qu’on en pouvait juger en ce moment à cause de sa position dans la pirogue, c’était un homme de très-haute taille, sa tête un peu petite était attachée par un cou vigoureux à des épaules