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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

d’une largeur peu commune, des muscles durs comme des cordes se dessinaient sur ses bras à chacun de ses mouvements ; en somme, toute l’apparence de cet individu dénotait une vigneur poussée à son extrême limite.

Son visage éclairé par de grands yeux bleus pétillants de finesse avait une expression de franchise et de loyauté qui plaisait au premier abord et que complétait l’ensemble de ses traits réguliers et de sa large bouche sur laquelle glissait un éternel sourire de bonne humeur ; il pouvait avoir vingt-trois ou vingt-quatre ans au plus, bien que son teint bruni par l’intempérie des saisons et l’épaisse barbe d’un blond cendré qui couvrait le bas de son visage le fissent paraître plus âgé.

Cet homme portait le costume de coureur des bois ; un bonnet de peau de castor dont la queue retombait entre ses deux épaules retenait à grand’peine les épaisses touffes de sa chevelure dorée qui tombait en désordre sur ses épaules, une blouse de chasse en calicot bleu, serrée aux hanches par une ceinture de peau de daim, tombait un peu au-dessus de ses genoux nerveux ; des mitasses, espèce de caleçons étroits, couvraient ses jambes, et ses pieds étaient garantis contre les ronces et les piqûres des reptiles par des moksens indiens.

Sa gibecière, en cuir tanné, était passée en bandoulière, et, de même que tous les hardis pionniers des forêts vierges, ses armes consistaient en un bon rifle kentuckien, un couteau à lame droite longue de dix pouces et large de deux, et une hachette au fer brillant comme un miroir. Ces armes, excepté naturellement le rifle, étaient suspendues à sa cein-