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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

texte des étrangers s’établir sur un point quelconque de leur territoire.

On nous pardonnera ces détails prolixes quand on réfléchira que ce pays, libre depuis vingt ans à peine, d’une superficie de près de quarante deux millions d’hectares, habité par deux cent mille individus au plus, est entré cependant dans une ère de prospérité et de progrès qui doit inévitablement éveiller l’attention des gouvernements européens et les sympathies des hommes intelligents de toutes les nations.

À l’époque où se passent les faits que nous avons entrepris de raconter, c’est-à-dire dans la seconde moitié de l’année 1829, le Texas appartenait encore au Mexique, mais sa glorieuse révolution était commencée, il luttait vaillamment pour échapper au joug honteux du gouvernement central et proclamer son indépendance.

Mais avant de reprendre le fil de notre récit, il nous faut expliquer comment Tranquille, le chasseur canadien, et Quoniam le nègre, qui lui devait sa liberté, ces deux hommes que nous avons laissés sur le haut Missouri menant la vie libre des coureurs des bois, se trouvaient pour ainsi dire établis au Texas, et comment le chasseur avait une fille ou du moins appelait sa fille le charmant ange blond et rose que nous avons présenté au lecteur son le nom de Carmela.

Une douzaine d’années avant le jour où s’ouvre notre récit à la venta del Potrero, Tranquille était arrivé dans cette même hôtellerie, suivi de deux compagnons et d’une enfant de cinq ou six ans, à la mine éveillée, aux yeux bleus, aux lèvres roses et