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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

aux cheveux dorés, qui n’était autre que Carmela ; quant à ses compagnons, l’un était Quoniam, l’autre un métis indien qui répondait au nom de Lanzi.

Le soleil était sur le point de se coucher lorsque la petite troupe s’était arrêtée devant la venta.

L’hôte, peu accoutumé dans ce pays désert, situé sur la frontière indienne, à voir des voyageurs et surtout à une heure aussi avancée, avait déjà fermé et barricadé sa maison, lui-même se préparait à se livrer au repos, lorsque l’arrivée imprévue de nos personnages l’avait contraint à modifier ses intentions pour la nuit.

Cependant ce ne fut qu’avec une répugnance marquée et sur les assurances répétées que lui firent les voyageurs, qu’il n’avait rien à redouter de leur part, qu’il se décida à ouvrir la porte et à les introduire dans la maison.

Du reste, une fois qu’il se fut résolu à les recevoir, l’hôte fut pour les voyageurs ce qu’il devait être, c’est-à-dire convenable et serviable autant que cela peut entrer dans le caractère d’un hôtelier mexicain, la race, soit dit entre parenthèse, la moins hospitalière qui existe.

Celui-ci était un petit homme replet, aux manières félines et aux regards sournois, déjà d’un certain âge, mais cependant vif et alerte.

Lorsque les voyageurs eurent installé les chevaux dans le corral, devant une bonne provende d’alfalfa, et qu’eux-mêmes eurent soupé avec l’appétit d’hommes qui viennent de faire une longue traite, la glace se trouva rompue entre eux et l’hôte, grâce à quelques tragos de refino de Catalogne offerts libéralement par le Canadien, et la conversation