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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

le crâne sur un rocher, Tranquille épaulait son rifle et foudroyait la tigresse juste au moment où elle s’élançait sur le cavalier, puis se retournant avec une vivacité extrême, d’un coup de crosse il tuait raide le second tigre et le renversait à ses pieds.

— Ah ! fit le chasseur avec un sentiment d’orgueil en posant son rifle à terre, et s’essuyant le front inondé d’une sueur froide.

— Elle vit, s’écria Quoniam, qui comprit combien d’angoisses renfermait l’exclamation de son ami ; l’épouvante seule l’a fait s’évanouir, mais elle est sauve.

Le chasseur ôta lentement son bonnet, et levant les yeux au ciel :

— Merci, mon Dieu, murmura-t-il avec un accent de gratitude impossible à rendre.

Cependant le cavalier, si miraculeusement sauvé par Tranquille, s’était avancé vers lui.

— À charge de revanche, lui dit-il en lui tendant la main.

— C’est moi qui suis votre débiteur, répondit franchement le chasseur ; sans votre sublime dévouement je serais arrivé trop tard.

— Je n’ai rien fait de plus que ce que tout autre eût fait à ma place.

— Peut-être. Votre nom, frère ?

— Le Cœur-Loyal[1]. Le vôtre ?

— Tranquille. C’est entre nous à la vie et à la mort.

  1. Voir les Trappeurs de l’Arkansas, 1 vol. in-12. Dentu, éditeur.