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LES RODEURS DE FRONTIÈRES


II

QUONIAM.


Le Canadien ne perdait pas de l’œil un seul des mouvements de ses adversaires pendant qu’il leur parlait ; aussi, lorsque la décharge commandée par John Davis éclata, fut-elle sans effet ; il s’était rapidement effacé derrière un arbre et les balles sifflèrent inoffensives à ses oreilles.

Le marchand d’esclaves était furieux d’avoir été joué ainsi par le chasseur, il proférait contre lui les plus horribles menaces, blasphémait et frappait du pied avec rage.

Mais menaces et blasphèmes rien n’y faisait ; à moins de traverser la rivière à la nage, ce qui était impraticable en face d’un homme aussi résolu que paraissait l’être le chasseur, il n’y avait aucun moyen de tirer de lui une vengeance quelconque, et surtout de ressaisir l’esclave qu’il avait si délibérément pris sous sa protection.

Pendant que l’Américain se creusait vainement la tête pour trouver un expédient qui lui fît reprendre l’avantage, une balle siffla et le rifle qu’il tenait à la main vola en éclats.

— Chien maudit ! s’écria-t-il en rugissant de colère, veux-tu donc m’assassiner ?

— Je serais en droit de le faire, répondit le Canadien, je suis dans le cas de légitime défense, puisque vous-même avez voulu me tuer ; mais je préfère traiter à l’amiable avec vous, bien que je sois convain-