Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

d’espace en espace avec des cheveux, qui est retenu aux hanches au moyen d’une courroie de peau de daim non tannée, et qui descend jusqu’aux chevilles.

Ainsi vêtu, il se roula à plusieurs reprises dans le sable afin de faire prendre à son corps une couleur terreuse puis il passa dans sa ceinture son tomahawk et son couteau à scalper, armes dont un Indien ne se dessaisit jamais, saisit son rifle de la main droite, et après avoir fait un dernier signe d’adieu à ses compagnons qui suivaient attentivement ces divers préparatifs, il s’allongea sur le sol, et commença à ramper comme un serpent au milieu des hautes herbes et des détritus de toutes sortes.

Bien que le soleil fût levé depuis quelque temps déjà, et qu’il déversât à profusion des flots de lumière éblouissante sur la prairie, cependant le départ du Renard-Bleu fut effectué avec une circonspection si grande que déjà il était loin dans la plaine que ses compagnons le croyaient encore auprès d’eux ; pas un brin d’herbe n’avait été agité sur son passage, pas un caillou n’avait roulé sous ses pieds.

De temps en temps le Peau-Rouge s’arrêtait, explorait les alentours d’un regard perçant, puis, lorsqu’il se croyait assuré que tout était tranquille, que rien n’avait révélé sa présence, il recommençait à ramper sur les mains et sur les genoux, dans la direction du couvert de la forêt, dont il ne se trouva plus bientôt qu’à une faible distance.

Il atteignit ainsi une place entièrement dégarnie d’arbres, où l’herbe, légèrement foulée en plusieurs endroits, lui fit supposer qu’il approchait du lieu où ceux qui avaient fait feu devaient être embusqués.