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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

s’il nous est permis d’employer cette expression, qui leur fait accomplir des choses surprenantes et dont ceux-là seuls qui les ont vus à l’œuvre peuvent se faire une idée juste, tant leur habileté dépasse toutes les limites du possible.

C’est surtout lorsqu’il s’agit de suivre une piste, que cette finesse des Indiens et cette science qu’ils possèdent des lois de la nature, acquiert des proportions extraordinaires. Quelque soin que leur ennemi ait pris, quelques précautions dont il se soit servi pour dissimuler ses traces et les rendre invisibles, ils finissent toujours par les découvrir ; pour eux le désert n’a pas conservé de secrets, pour eux cette nature vierge et majestueuse est un livre dont toutes les pages leur sont connues et dans lequel ils lisent couramment sans jamais, nous ne disons pas se tromper, mais seulement hésiter.

Le Renard-Bleu, bien qu’il fût encore fort jeune avait acquis déjà une réputation bien méritée de finesse et d’astuce ; aussi dans la circonstance présente, enveloppé, selon toutes probabilités, d’ennemis invisibles dont les yeux incessamment fixés sur l’endroit qui lui servait de retraite surveillaient attentivement chacun de ses mouvements, il se prépara avec un redoublement de prudence à déjouer leurs machinations et à contreminer leurs projets.

Après être convenu avec ses deux compagnons d’un signal au cas probable où leur secours lui serait nécessaire, il se débarrassa de sa robe de bison dont l’ampleur aurait pu gêner ses mouvements, quitta tous les ornements dont sa tête, son cou et sa poitrine étaient chargés, et ne conserva sur lui que son mitasse, espèce de caleçon en deux parties, cousu