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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

gue et aussi blanche, le visage aussi constellé de rides.

Ainsi que nous l’avons dit, le Scalpeur s’était élancé dans les fourrés afin de découvrir qui avait fait ce signal qui lui avait donné l’éveil ; ses recherches furent minutieuses, mais cependant elles n’aboutirent à aucun autre résultat qu’à celui de lui faire découvrir qu’il ne s’était pas trompé et qu’effectivement un espion caché dans les broussailles avait vu tout ce qui s’était passé dans la clairière et entendu tout ce qui s’y était dit.

Le Renard-Bleu, après avoir appelé ses compagnons, s’était prudemment rejeté vivement en arrière, convaincu que, malgré tout son courage, s’il tombait entre les mains du Scalpeur, il était perdu.

Celui-ci revint tout pensif auprès du moine, dont la prière durait toujours et prenait des dimensions telles qu’elle menaçait de devenir interminable.

Le Scalpeur considéra un instant le fray pendant qu’un sourire ironique se jouait sur ses lèvres pâles, puis lui appliquant un vigoureux coup de crosse entre les deux épaules :

— Debout, lui dit-il rudement.

Le moine tomba sur les mains et demeura immobile ; croyant que l’autre avait l’intention de l’assommer, il se résignait à son sort et attendait le coup de grâce que dans son opinion il ne devait pas tarder à recevoir.

— Allons, debout, moine du diable, reprit le Scalpeur, n’as-tu pas assez marmotté tes patenôtres ?

Fray Antonio releva doucement la tête : une lueur d’espoir lui revenait.