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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Pardonnez-moi, seigneurie, répondit-il, j’ai fini ; je suis maintenant à vos ordres : que désirez-vous de moi ?

Et il se trouva debout comme poussé par un ressort, tant il devina, à l’expression sombre du regard de son interlocuteur, qu’une défaite, si bonne qu’elle fût, ne serait pas admise.

— C’est bien, drôle : tu me parais aussi adroit pour lâcher un coup de fusil que pour dire une prière ; charge ton rifle, car le moment est venu de te battre comme un homme, si tu ne veux pas être tué comme un chien.

Le moine jeta un regard effrayé autour de lui.

— Seigneurie, balbutia-t-il en hésitant, est-il donc nécessaire que je me batte ?

— À moins que tu ne tiennes pas à conserver ta peau intacte, auquel cas tu peux demeurer tranquille.

— Mais peut-être y a-t-il un autre moyen ?

— Lequel ?

— La fuite, par exemple, dit-il d’un ton insinuant.

— Essaye, fit l’autre en ricanant.

Le moine, encouragé par cette demi-concession, continua avec un peu plus de hardiesse :

— Vous avez un bien beau cheval.

— N’est-ce pas ?

— Magnifique, reprit fray Antonio en s’extasiant.

— Oui, et tu ne serais pas fâché que je te laisse le monter afin de fuir plus vite, hein ?

— Oh ! ne croyez pas, fit-il avec un geste de dénégation.