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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

John Davis se contenta de hausser les épaules sans répondre autrement, et il retourna à pas lents, et en sifflant le Yankee dodle, reprendre son abri sous le couvert.

Le Scalpeur ne l’avait pas imité ; bien qu’il sût pertinemment qu’un grand nombre d’ennemis l’entouraient et surveillaient ses mouvements, il demeura ferme et immobile au milieu de la clairière.

— Holà ! cria-t-il d’une voix railleuse, vaillants Apaches qui vous cachez comme des lapins dans des halliers, faudra-t-il que j’aille vous enfumer dans vos terriers pour vous décider à vous montrer ? Allons, venez, si vous ne voulez pas que je croie que vous êtes de vieilles femmes bavardes et peureuses.

Ces paroles insultantes portèrent au comble l’exaspération des guerriers apaches, qui répondirent par un long cri de fureur.

— Mes frères se laisseront-ils plus longtemps narguer par un seul homme ? s’écria le Renard-Bleu ; notre couardise fait toute sa force. Fondons rapides comme l’ouragan sur ce génie du mal : il ne pourra résister au choc de tant de guerriers renommés. En avant ! mes frères ! en avant ! À nous l’honneur d’avoir abattu l’ennemi implacable de notre race.

Et poussant son cri de guerre, que répétèrent ses compagnons, le valeureux chef s’élança au-devant du Scalpeur en brandissant résolument son rifle au-dessus de sa tête ; tous les guerriers le suivirent.

Le Scalpeur les attendit sans broncher, mais aussitôt qu’il les vit à portée, ramassant les rênes et serrant les genoux il fit bondir le noble animal au milieu des Indiens, et, saisissant son rifle par le canon et s’en servant comme d’une massue, il com-