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Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/303

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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

John l’examinait avec soin, prêt à lui porter secours si cela devenait de nouveau nécessaire, mais il n’en fut pas besoin. Peu à peu le Peau-Rouge sembla se ranimer. Ses yeux perdirent leur expression d’égarement. Il se redressa sur son séant et passant la main droite sur son front moite de sueur :

— Le combat est donc fini ? dit-il.

— Oui, répondit John, par notre déroute complète ; jolie idée qui nous est venue là, de nous emparer de ce démon.

— Est-il donc échappé ?

— Tout ce qu’il y a de plus échappé et sans blessures encore, après avoir tué une dizaine au moins de vos guerriers et avoir fendu le crâne jusqu’aux épaules à mon pauvre camarade Jim.

— Oh ! murmura sourdement l’Indien, ce n’est pas un homme, c’est l’esprit du mal.

— Qu’il soit ce qu’il voudra, by god ! s’écria John avec énergie, j’en aurai le cœur net, car j’espère bien quelque jour me rencontrer de nouveau avec ce démon.

— Que le Wacondah préserve mon frère de cette rencontre, car ce démon le tuerait.

— Peut-être ; du reste, s’il ne l’a pas fait aujourd’hui, ce n’est pas de sa faute, mais qu’il y prenne garde ! Peut-être quelque jour nous trouverons-nous face à face, à armes égales, et alors…

— Que lui font les armes à lui ? n’avez-vous pas vu qu’elles ne peuvent rien sur lui et que son corps est invulnérable ?

— Hum ! c’est possible ; mais quant à présent laissons ce sujet pour nous occuper d’affaires qui