Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
313
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

que vous menez depuis votre arrivée dans ces régions prête le flanc aux suppositions les moins favorables, vous avez enrôlé une tourbe de gens sans aveu, de rôdeurs de frontières, mis au ban de la société et vivant complétement au dehors de la loi commune des peuples civilisés.

— Sommes-nous donc obligés, nous hommes des déserts, coureurs des bois et chasseurs des prairies, de nous astreindre à toutes les mesquines exigences des villes ?

— Oui, jusqu’à un certain point, c’est-à-dire qu’il ne nous est pas permis de nous poser en état de révolte ouverte contre les institutions d’hommes qui, malgré que nous nous sommes séparés d’eux, n’en demeurent pas moins nos frères, et auxquels nous continuons à appartenir par notre couleur, notre religion, notre naissance et les liens de famille qui nous rattachent à eux et que nous n’avons pu briser.

— Soit, j’admets jusqu’à un certain point la justesse de votre raisonnement ; mais en supposant que les hommes que je commande soient réellement des bandits, des rôdeurs de frontières, ainsi que vous les nommez, savez-vous quel mobile les fait agir ? Pouvez-vous porter contre eux une accusation quelconque ?

— Patience, je n’ai point fini encore.

— Continuez donc alors.

— Puis, à côté cette troupe de bandits dont vous êtes ostensiblement le chef, vous avez contracté des alliances avec les Peaux-Rouges, avec les Apaches entre autres, les plus effrontés pillards de la prairie ; est-ce vrai ?