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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

mexicains, et n’avait en lui rien qui pût attirer l’attention ou exciter les soupçons.

Cependant ce ne fut qu’avec une extrême répugnance que le capitaine se vit forcé d’entrer en rapports avec lui ; pour quelle raison, certes, il lui eût été fort difficile, sinon impossible de le dire ; mais il existe dans la nature certaines lois dont la force ne peut être révoquée en doute, et qui font que de prime-abord, à la vue seule d’une personne, avant même de lui avoir adressé la parole, cette personne vous est sympathique ou antipathique, et que l’on se sent instinctivement attiré vers elle ou mal disposé en sa faveur. D’où provient cette espèce de pressentiment secret qui jamais ne se trompe dans ses appréciations ? Nous ne saurions l’expliquer ; nous nous bornons simplement à constater un fait réel dont nous-même bien souvent, pendant le cours de notre existence accidentée, nous avons subi l’influence et reconnu l’efficacité.

Nous devons avouer que le capitaine ne se sentait nullement attiré vers l’homme dont nous parlons, mais que, bien au contraire, il était disposé à n’avoir aucune confiance en lui.

— À quel endroit avez-vous quitté le général ? demanda-t-il en tournant machinalement entre ses doigts la dépêche dépliée, mais sur laquelle il n’avait pas encore jeté les yeux.

— Au Pozo-Redondo, un peu en avant de la Noria de Guadalupe, capitaine.

— Ah ! qui êtes-vous ? quel est votre nom ?

— Je suis l’assistente de l’excellentissime général ; je me nomme Gregorio Lopez.

— Connaissez-vous le contenu de cette dépêche ?