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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

C’était dans une forêt vierge que la caravane était engagée en ce moment.

Le guide, toujours insouciant, poussait en avant, sans la moindre hésitation, paraissant parfaitement sûr du chemin qu’il suivait en se contentant, à de longs intervalles, de jeter un regard distrait, soit à droite, soit à gauche, sans pour cela ralentir le pas de sa monture.

Cependant il était près de midi, la chaleur devenait étouffante, les chevaux et les hommes, en marche depuis quatre heures du matin, à travers des sentiers extrêmement difficiles, étaient accablés de fatigue et réclamaient impérieusement quelques heures d’un repos indispensable avant de pousser plus loin.

Le capitaine se décida à faire camper la troupe dans une de ces clairières assez vastes, comme on en rencontre beaucoup dans ces parages, et qui sont formées par la chute d’arbres renversés par les ouragans ou morts de vieillesse.

Le commandement de halte retentit. Les soldats et les arrieros poussèrent un soupir de satisfaction et s’arrêtèrent aussitôt.

Le capitaine, dont les yeux étaient en ce moment fixés par hasard sur le guide, vit un nuage de mécontententement sur son front ; cependant se sentant observé, cet homme se remit aussitôt, feignit de partager la joie générale, et mit pied à terre.

Les chevaux et les mules furent dessellés, afin qu’ils pussent en liberté paître les jeunes pousses des arbres et l’herbe qui croissait en abondance sur le sol.