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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

doutant d’ajouter les ténèbres de la nuit aux mauvaises chances qu’il se figurait avoir contre lui, et ne se souciant nullement d’être surpris par les ténèbres au milieu du dédale inextricable de la forêt, abrégea beaucoup plus la halte qu’il ne l’aurait fait en toute autre situation.

À deux heures de l’après-midi environ, il fit sonner le boute-selle et ordonna le départ.

Pourtant la plus grande chaleur du jour était tombée, les rayons du soleil plus obliques avaient considérablement perdu de leur force, et la marche se continua dans des conditions comparativement meilleures que précédemment.

Ainsi qu’il l’en avait averti, le capitaine avait intimé au guide l’ordre de marcher à ses côtés, et, autant que faire se pouvait, il ne le perdait pas une seconde de vue.

Celui-ci ne semblait nullement se préoccuper de cette gênante inquisition, il marchait toujours aussi insoucieux en apparence, fumant sa cigarette de maïs et fredonnant à demi-voix des lambeaux de jarabès.

La forêt commençait à s’éclaircir peu à peu, les clairières devenaient plus nombreuses et l’œil embrassait un horizon plus vaste ; tout portait à présumer que l’on ne tarderait pas à atteindre la limite du couvert.

Cependant à droite et à gauche on apercevait des mouvements de terrain, le sol commençait à se soulever insensiblement et la sente que suivait la caravane s’encaissait de plus en plus au fur et à mesure qu’elle avançait.

— Atteignons-nous donc déjà les contreforts des montagnes ? demanda le capitaine.