— Vous avez eu des missions ?
— J’en ai une en ce moment.
— Bien payée ?
— Convenablement.
— Y a-t-il indiscrétion à vous demander combien ?
— Nullement : j’ai reçu vingt-cinq onces.
— Cristo ! la somme est jolie. La mission doit être dangereuse, pour être tarifée si haut.
— Elle n’est pas sans péril.
— Hum ! prenez garde alors !
— Merci, mais je ne risque pas grand’chose ; il ne s’agit que de remettre une lettre.
— Il est vrai qu’une lettre… fit l’Américain avec insouciance.
— Oh ! celle-ci est plus importante que vous ne le supposez.
— Bah !
— Ma foi, oui, il s’agit de plusieurs millions.
— Comment dites-vous cela ? s’écria John Davis en tressaillant malgré lui.
Depuis sa rencontre avec le soldat, le chasseur avait tout doucement manœuvré de façon à l’amener à lui dévoiler la raison qui le conduisait dans ces parages déserts, car la présence d’un dragon isolé ainsi dans la prairie lui avait, et pour cause, semblé fort louche ; ce fut donc avec un extrême plaisir qu’il le vit de lui-même tomber dans le piége qui lui était tendu.
— Oui, reprit le soldat, le général Rubio, dont je suis l’assistente, m’a expédié en estafette au-devant du capitaine Melendez, qui escorte en ce moment une conducta de plata.