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Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/59

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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sèrent en ligne droite, et leur longue colonne brune serpenta sur l’autre rive où la tête de la manada ne tarda pas à disparaître.

Les chasseurs étaient sauvés grâce à la présence d’esprit et au sang-froid du Canadien ; cependant, pendant près de deux heures encore, ils demeurèrent blottis au milieu des branches qui les abritaient.

Les bisons continuaient à passer à droite et à gauche. Le feu avait fini par s’éteindre faute d’aliments ; mais désormais la direction était donnée, et en arrivant au brasier qui n’était qu’un monceau de cendres, la colonne se séparait d’elle-même en deux parties et filait à droite et à gauche.

Enfin l’arrière-garde apparut harcelée par les jaguars qui bondissaient sur ses flancs et ses derrières, puis ce fut tout. Le désert dont le silence avait été un instant troublé retomba dans son calme habituel, seulement une large sente tracée au milieu de la forêt et jonchée d’arbres brisés attesta seule le passage furibond de cette troupe désordonnée.

Les chasseurs respirèrent ; maintenant ils pouvaient, sans danger, quitter leur forteresse aérienne et redescendre sur le sol.


V

LE CERF-NOIR.


Aussitôt que nos trois personnages eurent mis pied à terre, ils rassemblèrent les tisons épars du