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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

brasier presque éteint afin d’allumer le feu sur lequel devait cuire le déjeuner.

Les vivres ne leur faisant pas faute, ils ne furent pas obligés de recourir à leurs provisions particulières, plusieurs bisons étendus sans vie leur offraient à profusion le mets le plus succulent du désert.

Pendant que Tranquille s’occupait à préparer convenablement une bosse de bison, le noir et le Peau-Rouge s’examinaient avec une curiosité qui se trahissait par des exclamations de surprise de part et d’autre.

Le nègre riait comme un fou en considérant l’aspect étrange du guerrier indien dont le visage était peint de quatre couleurs différentes, et qui portait un costume si étrange aux yeux du brave Quoniam, qui jamais, nous l’avons dit, ne s’était encore rencontré avec des Indiens.

Celui-ci manifestait son étonnement d’une manière différente ; après être resté longtemps immobile à regarder le nègre, il s’approcha de lui, et sans prononcer un mot, il saisit le bras de Quoniam et commença à le frotter de toutes ses forces avec un pan de sa robe de bison.

Le nègre, qui d’abord s’était prêté de bonne grâce à la fantaisie de l’Indien, ne tarda pas à s’impatienter ; il chercha d’abord à se dégager, mais sans pouvoir y réussir ; le chef le tenait ferme et procédait consciencieusement à sa singulière opération. Cependant le nègre, que ce frottement continuel commençait non-seulement à incommoder, mais encore à faire singulièrement souffrir, se mit à pousser des cris horribles en faisant les plus grands efforts pour échapper à son impassible bourreau.