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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

donner aux vainqueurs tout ce qu’ils possédaient.

Triste butin, consistant seulement en peaux d’animaux et en quelques vases faits avec une argile grossière.

Le capitaine, à peine maître de la place, commença son œuvre et jeta les fondements de la colonie nouvelle ; il comprenait la nécessité de se mettre le plus tôt possible à l’abri d’un coup de main.

L’emplacement du village fut complètement déblayé des ruines qui l’encombraient, puis les terrassiers se mirent à niveler le sol et à creuser un fossé circulaire large de six mètres et profond de quatre, qu’au moyen d’une saignée on fit communiquer d’un côté avec l’affluent du Missouri et de l’autre avec le fleuve lui-même ; derrière ce fossé et sur le sommet du talus formé par les terres que l’on avait rejetées et tassées, on planta une ligne de pieux de quatre mètres de haut reliés entre eux par de forts crampons en fer en ayant soin de laisser des intervalles presque invisibles par lesquels il était facile de passer les rifles et de tirer à l’abri. On ménagea dans ce retranchement une porte assez large pour livrer passage à un vagon et qui communiqua au dehors au moyen d’un pont-levis jeté en travers sur le fossé et qu’on relevait chaque jour au coucher du soleil.

Ces précautions préliminaires une fois prises, une étendue de quatre mille mètres carrés à peu près se trouva entourée d’eau et défendue par une palissade de tous les côtés, excepté sur la face qui regardait le Missouri, à cause de la largeur et de la profondeur du fleuve qui offrait une garantie suffisante de sécurité.