Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble derrière les arbres qui se trouvaient sur son passage.

Les chasseurs reculaient pied à pied, surveillant les environs afin de ne pas se laisser tourner.

Les cris des Indiens s’éteignaient dans le lointain ; ils s’acharnaient à la poursuite de leurs chevaux.

Le chef se trouvait seul en présence de deux ennemis.

Arrivé à un arbre dont le tronc énorme lui offrait toutes les garanties de sûreté désirables, dédaignant de se servir de son fusil, et l’occasion lui paraissant favorable, il ajusta une flèche sur son arc.

Mais quelles que fussent sa prudence et son adresse, il ne put faire ce mouvement sans se découvrir un peu ; le Cœur-Loyal épaula son fusil, le coup partit, la balle siffla, le chef bondit sur lui-même en poussant un rugissement de rage et tomba sur le sol.

Il avait le bras fracassé.

Les deux chasseurs étaient déjà près de lui.

— Pas un geste, Peau-Rouge, lui dit le Cœur-Loyal, pas un geste ou vous êtes mort !

L’Indien resta immobile, impassible en apparence, dévorant sa colère.

— Je pouvais vous tuer, continua le chasseur, je ne l’ai pas voulu, voici la seconde fois que je vous donne la vie, chef, ce sera la dernière, ne vous trouvez plus sur ma route, et surtout ne volez plus mes trappes, sinon je vous jure que je ne vous ferai pas grâce.