Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/109

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— La Tête-d’Aigle est un chef renommé parmi les hommes de sa tribu, répondit l’Indien avec orgueil, il ne craint pas la mort, le chasseur blanc peut le tuer, il ne le verra pas se plaindre.

— Non, je ne vous tuerai pas, chef, mon Dieu défend de verser le sang d’un homme sans nécessité.

Oah ! fit l’Indien avec un sourire ironique, mon frère est missionnaire.

— Non, je suis un honnête trappeur, je ne veux pas vous assassiner.

— Mon frère blanc a des sentiments de vieilles femmes, reprit l’Indien, Nehunutah ne pardonne pas, il se venge !

— Vous ferez comme il vous plaira, chef, répondit le chasseur en haussant les épaules avec dédain, je n’ai pas la prétention de changer votre nature, seulement vous êtes averti, adieu.

— Et que le diable vous caresse ! ajouta Belhumeur en le poussant du pied avec mépris.

Le chef sembla rester insensible à cette nouvelle insulte, seulement ses sourcils se froncèrent, il ne bougea pas, mais il suivit d’un regard implacable ses deux ennemis qui, sans plus s’occuper de lui, s’enfoncèrent dans la forêt.

— C’est égal, dit Belhumeur en manière de réflexion, vous avez eu tort, Cœur-Loyal, vous auriez dû le tuer.

— Bah ! pour quoi faire ? répondit insoucieusement le chasseur.