Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/132

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sont des hommes, et les deux Comanches qui ont été traîtreusement assassinés ici, au mépris du droit des gens, étaient des guerriers renommés dans leur tribu.

— Blancs-Yeux, vous êtes un sang-mêlé, vous tenez un peu trop de la race rouge, dit le capitaine avec ironie.

— La race rouge, répondit fièrement le chasseur, est loyale, elle n’assassine pas pour le plaisir de verser du sang, ainsi que vous-même avez fait il y a quatre jours de ces deux guerriers qui passaient inoffensifs dans leur canot, sous le prétexte d’essayer un nouveau fusil que vous avez reçu d’Acropolis.

— C’est bon ! assez ! faites-moi grâce de vos commentaires, Blancs-Yeux, je n’ai pas d’observations à recevoir de vous.

Le chasseur salua gauchement, jeta son fusil sur l’épaule et se retira tout en grommelant :

— C’est égal, le sang versé crie vengeance, les Peaux-Rouges sont des hommes, ils ne laisseront pas le crime impuni.

Le capitaine rentra dans le fort, visiblement contrarié de ce que lui avait dit le métis. Peu à peu les habitants se dispersèrent après s’être souhaité le bon soir et se renfermèrent chez eux, avec cette insouciance particulière aux hommes habitués à risquer leur vie à chaque minute.

Une heure plus tard, la nuit était complètement venue, d’épaisses ténèbres enveloppaient le village