Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La première personne que le capitaine aperçut en montant sur la plate-forme du fortin fut le vieux chasseur Blancs-Yeux.

— Ah ! ah ! murmura l’officier à part lui, que fait ici cet homme et comment y est-il arrivé ?

Tirant alors un pistolet de sa ceinture, il marcha droit au métis, et le saisissant par la gorge il lui appuya le canon de l’arme sur la poitrine, en lui disant avec ce sang-froid que les Américains tiennent des Anglais et qu’ils ont considérablement augmenté :

— De quelle façon vous êtes-vous donc introduit dans le fort, vieille chouette ?

— Eh ! par la porte apparemment, répondit l’autre sans s’émouvoir.

— Ah ! bah ! vous êtes donc sorcier alors ?

— Peut-être.

— Trêve de raillerie, sang-mêlé, vous nous avez vendus à vos frères, les Peaux-Rouges.

Un sourire sinistre éclaira le visage du métis, le capitaine l’aperçut.

— Mais votre trahison ne vous profitera pas, misérable, dit-il d’une voix tonnante, vous en serez la première victime.

Le chasseur se dégagea par un mouvement brusque et inattendu ; puis il fit un bond en arrière et épaulant son fusil :

— Nous verrons, dit-il en ricanant.

Ces deux hommes placés face à face sur cette étroite