Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/161

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reconnaissance pour les bienfaits dont Dieu nous accable.

— Bien, ma fille, répondit le général avec joie, je suis heureux de vous entendre parler ainsi.

— Tant mieux si je vous fais plaisir, mon oncle.

— De sorte, reprit le général, suivant toujours son idée, que la vie que nous menons en ce moment ne vous fatigue pas.

— Nullement, je la trouve fort agréable, au contraire, dit-elle en souriant, et surtout fort accidentée.

— Oui, fit le général en partageant la gaieté de sa nièce, mais, ajouta-t-il en redevenant sérieux, il me semble que nous oublions un peu trop nos libérateurs.

— Ils sont partis, répondit doña Luz.

— Ils sont partis ? dit le général en tressaillant.

— Depuis une heure déjà.

— Comment le savez-vous, ma nièce ?

— Par une raison toute simple, mon oncle, ils m’ont dit adieu, avant de nous quitter.

— Ce n’est pas bien, murmura le général avec tristesse, un service oblige autant ceux qui le rendent que ceux qui le reçoivent, ils n’auraient pas dû nous abandonner ainsi, sans nous dire si nous pourrons jamais les revoir et même sans nous laisser leurs noms.

— Je les sais.