Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/208

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Le trappeur s’aperçut de son agitation.

— Soyez sans crainte, reprit-il, je suis un honnête homme, vous êtes aussi en sûreté, seule ici, dans ce désert avec moi, que si vous vous trouviez dans la cathédrale de Mexico, au pied du maître-autel.

La jeune fille jeta un regard à la dérobée sur le trappeur ; malgré son singulier costume, son visage avait une telle expression de franchise, son œil était si doux et si limpide en se fixant sur elle, qu’elle se sentit complètement rassurée.

— Parlez, dit-elle.

— Vous appartenez, reprit le trappeur, maintenant je vous reconnais, à cette troupe d’étrangers qui, depuis quelques jours, explorent la prairie dans tous les sens, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Parmi vous, se trouve une espèce de fou qui porte des lunettes bleues et une perruque blonde, et qui s’amuse, je ne sais pourquoi, à faire provision d’herbes et de cailloux, au lieu de tâcher, comme un brave chasseur, de trapper un castor ou d’abattre un daim.

— Je connais l’homme dont vous parlez, il fait en effet partie de notre troupe, c’est un médecin fort savant.

— Je le sais, il me l’a dit, il vient souvent de ce côté, nous sommes bons amis ; au moyen d’une poudre qu’il m’a fait prendre, il m’a coupé complète-