Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/228

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— Pressons le pas, alors, je ne veux pas être surpris par la nuit dans ces halliers.

La troupe prit un trot allongé qui, en moins d’une demi-heure, la conduisit aux premières barricades du camp.

Le capitaine Aguilar et le docteur vinrent recevoir les voyageurs à leur arrivée.

Le repas du soir était préparé et attendait depuis longtemps déjà.

On se mit à table.

Mais la tristesse qui depuis quelques heures semblait s’être emparée du général et de sa nièce augmentait au lieu de diminuer. Le repas s’en ressentit, chacun mangea en toute hâte sans échanger une parole. Lorsque l’on eut fini, sous le prétexte des fatigues de la journée, on se sépara pour se livrer ostensiblement au repos, mais en réalité pour être seul et réfléchir aux événements de la journée.

De son côté le guide n’était pas plus à l’aise : une mauvaise conscience, a dit un sage, est le plus chagrinant camarade de nuit que l’on puisse avoir ; le Babillard possédait la pire de toutes les mauvaises consciences, aussi n’avait-il nulle envie de dormir. Il se promenait dans le camp, cherchant en vain dans son esprit bourrelé d’inquiétudes et peut-être de remords un moyen quelconque de sortir du mauvais pas dans lequel il se trouvait. Mais il avait beau mettre son imagination à la torture, rien ne venait calmer ses appréhensions.