Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/236

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sang montrait qu’il était gravement blessé. S’il avait fait jour, on aurait tenté de le poursuivre, et peut-être aurait-on réussi à l’atteindre ; mais, au milieu des ténèbres, ignorant si des ennemis n’étaient pas embusqués aux environs, le général ne voulut pas que ses soldats se risquassent hors du camp. Il préféra laisser au misérable cette chance de salut.

Quant à Kennedy, il était mort.

Le premier moment d’effervescence passé, doña Luz, qui n’était plus soutenue par le danger de la situation, sentit qu’elle était femme. Son énergie disparut, ses yeux se voilèrent, un tremblement convulsif agita tout son corps ; elle s’affaissa sur elle-même, et elle serait tombée, si le docteur ne l’avait pas reçue dans ses bras.

Il la porta à moitié évanouie sous la tente et lui prodigua tous les soins que réclamait son état.

La jeune fille revint peu à peu à elle, le calme rentra dans son esprit et l’ordre se rétablit dans ses idées.

Se souvenant alors des recommandations que le jour même l’Élan-Noir lui avait faites, elle pensa que le moment était venu de réclamer l’exécution de sa promesse et fit signe au docteur de s’approcher.

— Cher docteur, lui dit-elle d’une voix douce, voulez-vous me rendre un grand service ?

— Disposez de moi, señorita.