Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/242

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chasse, reprit le chef, mon frère la Tête-Blanche est fatigué d’une longue vie, il est meilleur au feu du conseil que sur un cheval à chasser l’élan ou le bison, que désire mon frère ?

— Chef, répondit l’Espagnol, vos paroles sont vraies, il fut un temps où comme tout autre enfant des prairies, je passais à chasser des journées entières, sur un mustang fougueux et indompté ; mes forces ont disparu, mes membres ont perdu leur souplesse et mon coup d’œil son infaillibilité, je ne vaux plus rien pour une expédition, si courte qu’elle soit.

— Bon ! répondit imperturbablement l’Indien, en soufflant des flots de fumée par la bouche et par les narines, que mon frère dise donc à son ami ce qu’il désire, et cela sera fait.

— Je vous remercie, chef, et je profiterai de votre offre bienveillante ; je serais heureux si vous consentiez à me fournir les moyens de gagner, sans être inquiété, un établissement des hommes de ma couleur où je puisse passer en paix les quelques jours que j’ai encore à vivre.

— Eh ! pourquoi ne le ferais-je pas ? rien n’est plus facile, dès que nous aurons rejoint la tribu, puisque mon frère ne veut pas demeurer avec ses amis rouges, ses désirs seront satisfaits.

Il y eut un moment de silence. Le vieillard, croyant l’entretien terminé, se préparait à se retirer ; d’un geste le chef lui ordonna de rester.