Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/246

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— Son nom est bien connu, dit la dame.

— Oh ! s’écria vivement le vieillard, toutes les mères sont ainsi, pour elles leurs fils sont des héros ! Celui-là, bien que ce soit un excellent jeune homme, ne vaut pas mieux qu’un autre, certes, son nom n’est jamais arrivé jusqu’à mon frère.

— Comment mon frère le sait-il ? dit l’Indien avec un sourire sardonique.

— Je le suppose, répondit le vieillard, ou du moins, si mon frère l’a par hasard entendu prononcer, il est depuis longtemps sorti de sa mémoire et ne mérite pas de lui être rappelé ; si mon frère le permet nous nous retirerons, la journée a été fatigante, l’heure est venue de se reposer.

— Dans un instant, dit paisiblement le Comanche, et s’adressant à la femme : quel est le nom du guerrier des visages pâles ? lui demanda-t-il avec insistance.

Mais la vieille dame, mise sur ses gardes par l’intervention de son serviteur dont elle connaissait le dévouement et la prudence, ne répondit pas, sentant intérieurement qu’elle avait commis une faute et ne sachant comment la réparer.

— Ma mère ne m’entend-elle pas ? reprit le chef.

— À quoi bon vous dire un nom qui, selon toutes probabilités, vous est inconnu et qui dans tous les cas ne vous intéresse nullement ? Si mon frère le permet je me retirerai.