Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/247

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— Non, pas avant que ma mère m’ait dit le nom de son fils le grand guerrier, dit le Comanche en fronçant les sourcils et en frappant du pied avec une colère mal contenue.

Le chasseur vit qu’il fallait en finir, son parti fut pris en une seconde.

— Mon frère est un grand chef, dit-il, quoique sa chevelure soit brune, sa sagesse est immense ; je suis son ami, il ne voudra pas abuser du hasard qui a livré entre ses mains la mère de son ennemi ; le fils de cette femme est le Cœur-Loyal.

Ooah ! fit la Tête-d’Aigle avec un sourire sinistre, je le savais ; pourquoi les visages pâles ont-ils deux langues et deux cœurs et cherchent-ils toujours à tromper les Peaux-Rouges ?

— Nous n’avons pas cherché à vous tromper, chef.

— Si, depuis que vous êtes avec nous, vous avez été traités comme des fils de la tribu, je vous ai sauvé la vie !

— C’est vrai !

— Eh bien, reprit-il avec un sourire ironique, je veux vous prouver que les Indiens n’oublient pas et qu’ils savent rendre le bien pour le mal. Ces blessures que vous me voyez, qui me les a faites ? le Cœur-Loyal ! Nous sommes ennemis, sa mère est en mon pouvoir, je pourrais de suite l’attacher au poteau des tortures, ce serait mon droit.

Les deux Espagnols baissèrent la tête.