Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/248

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— La loi des prairies dit œil pour œil, dent pour dent, écoutez-moi bien, Vieux-Chêne : en souvenir de notre ancienne amitié, je vous accorde un délai. Demain, au lever du soleil, vous vous mettrez à la recherche du Cœur-Loyal, si dans quatre jours il n’est pas venu se livrer entre mes mains, sa mère périra ; mes jeunes hommes la feront brûler vive au poteau du sang, et mes frères se tailleront des sifflets de guerre avec ses os. Allez, j’ai dit.

Le vieillard voulut insister, il se jeta aux genoux du chef, mais le vindicatif Indien le repoussa du pied et s’éloigna.

— Oh ! madame, murmura le vieillard avec désespoir, vous êtes perdue !

— Surtout, Eusébio, répondit la mère avec des larmes dans la voix, ne ramène pas mon fils, qu’importe que je meure ; moi, hélas ! ma vie n’a-t-elle pas déjà été assez longue ?

Le vieux serviteur jeta un regard d’admiration à sa maîtresse.

— Toujours la même, dit-il avec attendrissement.

— La vie d’une mère n’appartient-elle pas à son enfant ? fit-elle avec un cri du cœur.

Les deux vieillards tombèrent accablés de douleur au pied d’un arbre et passèrent la nuit à prier Dieu.

La Tête-d’Aigle ne semblait pas se douter de leur désespoir.