Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/280

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d’empêcher mon supplice, retirez-vous, retire-toi, Rafaël, je t’en supplie, laisse-moi mourir pour te sauver, ajouta-t-elle en fondant en larmes et en se jetant dans ses bras.

— Ma mère, répondit le jeune homme en l’accablant de caresses, votre amour pour moi vous égare, je ne puis laisser accomplir un tel forfait, non, non, moi seul dois rester ici !

— Mon Dieu ! mon Dieu ! disait la pauvre femme en sanglotant, il ne veut rien comprendre !… Je serais si heureuse de mourir pour le sauver !

Vaincue par une émotion trop forte pour elle, la pauvre mère tomba évanouie dans les bras de son fils.

Le Cœur-Loyal imprima un long et tendre baiser sur son front, et la remettant aux mains de nô Eusébio, qui depuis quelques minutes était arrivé :

— Partez ! dit-il d’une voix étranglée par la douleur, pauvre mère ! qu’elle soit heureuse, si le bonheur peut exister encore pour elle sans son enfant.

Le vieux serviteur soupira, serra chaleureusement la main du Cœur-Loyal, et posant sur le devant de sa selle le corps de sa maîtresse, il tourna bride et sortit lentement du camp, sans que personne s’opposât à son départ.

Le Cœur-Loyal suivit sa mère du regard aussi longtemps qu’il put l’apercevoir ; puis lorsqu’elle eut disparu, que le bruit des pas du cheval qui la portait eut cessé de se faire entendre, il poussa un