Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/301

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individu, quel qu’il fût, paraissait marcher avec difficulté, il trébuchait à chaque pas, s’arrêtait par intervalles comme pour reprendre des forces. Parfois il laissait échapper une plainte étouffée. Le capitaine se jeta au-devant de lui pour lui barrer le passage.

Lorsque l’inconnu l’aperçut, il poussa un cri d’effroi et tomba sur ses deux genoux en murmurant d’une voix entrecoupée par la terreur :

— Grâce ! grâce ! ne me tuez pas !

— Eh mais ! fit le capitaine étonné, c’est le Babillard ! Qui diable l’a si mal accommodé ?

Et il se pencha vers lui.

C’était en effet le guide.

Il était évanoui.

— La peste étouffe l’imbécile ! murmura le capitaine avec dépit ; comment l’interroger à présent ?

Mais le pirate était homme de ressource, il repassa ses pistolets dans sa ceinture, et enlevant le blessé, il le jeta sur ses épaules.

Chargé de ce fardeau qui ne semblait nullement le gêner dans sa marche, il reprit à grands pas la route qu’il venait de suivre et rentra dans son camp.

Il déposa le guide auprès d’un brasier à demi éteint dans lequel il jeta quelques brassées de bois sec pour le raviver. Bientôt une flamme claire lui permit d’examiner l’homme qui gisait sans connaissance à ses pieds.

Les traits du Babillard étaient livides, une sueur