Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/300

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à chaque pas lui barraient le chemin. Plusieurs fois il fut contraint de s’arrêter et de s’orienter pour reprendre sa route dont l’écartaient continuellement les détours auxquels l’obligeaient les blocs de rochers et les épais fourrés qui se trouvaient devant lui.

Pendant une de ces haltes, il crut percevoir à une légère distance le bruit d’un froissement de feuilles et de branches semblable à celui occasionné par la course précipitée d’un homme ou d’une bête fauve dans un taillis.

Le capitaine s’effaça derrière le tronc d’un gigantesque acajou, saisit ses pistolets qu’il arma, afin d’être préparé à tout événement, et, penchant la tête en avant, il écouta.

Tout était calme autour de lui ; on était arrivé à cette heure mystérieuse de la nuit où la nature semble dormir, et où tous les bruits sans nom de la solitude s’éteignent pour ne laisser, suivant l’expression indienne, entendre que le silence.

— Je me suis trompé, murmura le pirate, et il fit un mouvement pour revenir sur ses pas.

En ce moment le même bruit se renouvela, plus distinct et plus rapproché, suivi presque immédiatement d’un gémissement étouffé.

— Vive Dieu ! fit le capitaine, ceci commence à devenir intéressant, j’en aurai le cœur net.

Après quelques minutes d’une course précipitée, il vit glisser à quelques pas de lui dans les ténèbres l’ombre presque effacée d’un homme. Cet