enfant, il vaut donc mieux que tu l’ignores et que je sois seul à souffrir ; je suis vieux, j’en ai l’habitude, fit-il avec mélancolie.
— Mon pauvre oncle !
— Merci de l’amitié que tu me témoignes, mon enfant, mais laissons ce sujet qui t’attriste, parlons un peu, si tu y consens, des braves gens auxquels nous avons tant d’obligations.
— Le Cœur-Loyal, murmura doña Luz en rougissant.
— Oui, répondit le général, le Cœur-Loyal et sa mère, digne femme que je n’ai pu encore remercier à cause de la blessure de ce pauvre Belhumeur et à laquelle, m’as-tu dit, tu dois de n’avoir souffert aucune privation.
— Elle a eu pour moi les soins d’une tendre mère.
— Comment pourrai-je jamais m’acquitter envers elle et son noble fils ? elle est heureuse d’avoir un tel enfant ; hélas ! cette joie ne m’est pas donnée, je suis seul ! dit le général en laissant tomber avec accablement sa tête dans ses mains.
— Et moi ? fit la jeune fille d’une voix câline.
— Oh ! toi, répondit-il en l’embrassant avec tendresse, tu es ma fille chérie, mais je n’ai pas de fils !…
— C’est vrai ! murmura-t-elle rêveuse.
— Le Cœur-Loyal, reprit le général, est une nature trop exceptionnelle pour accepter rien de moi,