Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rafaël jusqu’à ce moment avait à grand-peine renfermé dans son cœur les émotions qui l’agitaient, mais à cette dernière péripétie, il ne put se contenir plus longtemps ; il s’élança vers sa mère en fondant en larmes et en poussant un cri déchirant :

— Ma mère ! ma mère !

— Venez ! lui dit don Ramon en lui posant la main sur l’épaule.

L’enfant s’arrêta, chancelant comme un homme ivre.

— Voyez, monsieur ! mais voyez donc ! s’écria-t-il avec un sanglot déchirant, ma mère se meurt !

— C’est vous qui l’avez tuée, répondit froidement l’hacendero.

Rafaël se retourna comme si un serpent l’avait piqué ; il lança à son père un regard d’une expression étrange, et les dents serrées, le front livide, il lui dit :

— Tuez-moi, monsieur, car je vous jure que de même que vous avez été sans pitié pour ma mère et pour moi, si je vis, je serai plus tard sans pitié pour vous !

Don Ramon lui jeta un regard de mépris.

— Marchons ! dit-il.

— Marchons ! répéta l’enfant d’une voix ferme.

Doña Jesusita, qui commençait à revenir à la vie, s’aperçut comme dans un rêve du départ de son fils.

— Rafaël ! Rafaël ! cria-t-elle d’une voix déchirante.