Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/66

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entravés à l’amble broyaient à pleines dents leur provende à quelques pas. Le feu allumé avec du bois sec, et abrité de trois côtés par des quartiers de roc, ne laissait échapper qu’une mince colonne de fumée imperceptible à dix pas, et un rideau d’arbres séculaires cachait le campement aux regards indiscrets de ceux qui probablement étaient en embuscade aux environs.

Enfin toutes les précautions nécessaires à la sûreté du chasseur avaient été prises avec cette prudence qui annonce une connaissance approfondie de la vie de coureur des bois.

Les feux rougeâtres du couchant teignaient de reflets charmants la cime des grands arbres, le soleil était près de disparaître derrière les montagnes qui bornaient l’horizon, lorsque les chevaux interrompirent subitement leur repas, levèrent la tête et pointèrent les oreilles, signes d’inquiétude qui n’échappèrent pas au chasseur.

Quoiqu’il n’entendît encore aucun bruit suspect, que tout semblât calme aux environs, il se hâta de placer devant le feu la peau du castor, tendue sur deux bâtons en croix, et, sans se lever, il étendit la main vers sa carabine.

Le cri de la pie se fit entendre répété à trois reprises différentes, à intervalles égaux.

Le chasseur replaça sa carabine à ses côtés avec un sourire et se remit à surveiller le souper ; presque immédiatement les herbes s’agitèrent violem-