Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/76

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carrière, et puis, avait-il ajouté, je veux venger mon père.

— C’est juste, avait observé le chasseur.

La conversation en était restée là.

Cœur-Loyal avait conduit le jeune homme à une de ses caches, espèces de magasins creusés dans la terre et dans lesquels les trappeurs conservent leurs richesses ; il en avait tiré tout l’équipement d’un trappeur, fusil, couteau, pistolets, gibecières, trappes, puis après avoir remis ces divers objets à son protégé :

— Allez, lui avait-il dit simplement, et que Dieu vous aide !

L’autre l’avait regardé sans répondre ; évidemment il ne comprenait pas.

Le Cœur-Loyal sourit.

— Vous êtes libre, reprit-il, voici les objets nécessaires pour faire votre nouveau métier, je vous les donne, la prairie est devant vous, bonne chance.

Le jeune homme secoua la tête.

— Non, dit-il, je ne vous quitterai pas à moins que vous ne me chassiez ; je suis seul, sans famille, sans amis, vous m’avez sauvé la vie, je vous appartiens.

— Je ne fais pas payer les services que je rends, dit le chasseur.

— Vous les faites payer trop cher, répondit vivement l’autre puisque vous n’acceptez pas la reconnaissance ; reprenez vos dons, ils me sont inutiles, je ne suis pas un mendiant auquel on jette une au-