Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/87

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— Ah ! ah ! mais je connais à peu près cette aventure, vous m’avez apporté ce jour-là, si je ne me trompe, non pas une, mais bien deux peaux d’ours noir.

— C’est cela même, mes gaillards étaient deux, un mâle et une femelle, vous comprenez qu’à leur vue mes instincts de chasseur se réveillèrent immédiatement, oubliant ma fatigue, j’armai ma carabine et je me mis à leur poursuite. Vous allez voir par vous-même quel fort ils avaient choisi, ajouta-t-il en mettant pied à terre, manœuvre que son compagnon imita.

Devant eux s’élevait en amphithéâtre une masse de rochers qui affectaient les formes les plus bizarres et les plus capricieuses, de maigres broussailles poussaient çà et là dans l’interstice des pierres, des plantes grimpantes couronnaient la cime des rochers et donnaient à cette masse qui s’élançait à plus de six cents mètres au-dessus de la prairie, l’apparence d’une de ces antiques ruines féodales que l’on rencontre de loin en loin sur les bords des grands fleuves d’Europe.

Ce lieu était nommé par les chasseurs de ces parages, les châteaux blancs, à cause de la couleur des blocs de granit dont il était formé.

— Nous ne pourrons jamais monter là avec nos chevaux, fit le Cœur-Loyal, après avoir étudié un instant avec soin l’espace qu’ils avaient à franchir.