— Par ma commission verbale.
— Voyons.
— Vous recevrez aujourd’hui deux visites.
— Deux ?
— Oui. La première sera celle d’une femme.
— Viendra-t-elle seule ?
— C’est possible, dit la Cigale. Il est possible aussi qu’elle vienne accompagnée.
— Faudrait me donner des renseignements plus sûrs.
— Faudrait les avoir pour vous les donner. Cette femme est jeune, belle ; elle a des yeux bleus, des cheveux châtain clair.
— Son âge ?
— Elle paraît avoir de vingt à vingt-deux ans ?
— Elle paraît ?
— La mère, on n’est jamais sûr de l’âge d’une femme.
— C’est bon, répondit la Réveilleuse, continuez.
— On sera déguisé de façon à ne pas laisser soupçonner par vous la position qu’on occupe dans le monde.
— Ce serait plus malin de venir dans le costume de sa vraie position.
— On viendra peut-être non déguisée, vous ne chercherez à rien savoir.
— C’est dur, ça.
— Il le faut.
— Ce sera. Est-ce tout ?
— Oui.
— Passons à la seconde visite. Je n’ai pas besoin d’en entendre davantage sur la première.
— La seconde visite vous sera faite par un homme, continua la Cigale.
— J’aime mieux ça, répondit la Réveilleuse en souriant.
— Peut-être cet homme viendra-t-il seul, peut-être aussi viendra-t-il avec un autre homme et une femme.
— Toujours du même au même.
— Les deux hommes sont jeunes. L’un est presque imberbe. Il ne porte qu’une légère moustache brune retroussée. C’est un étudiant en droit.
— Et le second ?
— Un peu plus âgé, trente ans, très brun, tenue militaire.
— C’est un soldat ?
— Oui. Que voulez-vous que ce soit ?
— Il y a tant de gens qui ont l’air militaire et qui ne sont que des marchands de crayons déguisés !
— C’est vrai, la mère.
— Et la femme ?
— Une brune piquante, c’est la maîtresse de l’étudiant.
— Bon. Est-ce tout ?
— Quant à présent, oui.
— On ne peut pas savoir ce que viennent chercher ces gens-là ?
— Vous le saurez par eux.