— Animal !
— Merci !
— Dis la chose sans phrases !
— Voilà : Faites-vous l’honneur d’aller chez eux… c’est tout ce qu’on vous demande, quoi !
— Est-ce tout ?
— Oui. Ça y est.
— File en double, imbécile ! lui dit le capitaine en haussant les épaules… File, plus vite que ça !
Le matelot se retira sans demander son reste.
Il s’élança dans les haubans du grand mât.
En quelques secondes il grimpa dans la hune.
Là, il respira.
Cependant le capitaine appelait :
— Mortimer ! Mortimer !
Un jeune homme, aux manières distinguées, aux traits expressifs, vêtu de ce costume coquet affectionné par nos officiers de commerce, quitta l’habitacle auprès duquel il se tenait.
En quelques secondes il arriva près du capitaine.
— À vos ordres, capitaine.
— Mon cher Mortimer, veuillez, je vous prie, prendre le commandement du navire, lui dit affectueusement son chef ; votre service de second commence. Vous surveillerez nos hommes d’un peu près. Ils sont difficiles à tenir, dans le voisinage de la terre.
— Je veillerai, capitaine.
— Je n’ai pas besoin de vous recommander la propreté du bâtiment. On courra la petite bordée. Vous ne laisserez personne monter à bord, ni personne descendre à terre, jusqu’à nouvel ordre.
— Bien.
— Vous m’avez compris ?
— Parfaitement, capitaine.
— Vous veillerez à la stricte exécution de mes ordres, n’est-ce pas ?
— Soyez tranquille.
Alors, le capitaine se pencha vers lui et lui dit à l’oreille quelques mots prononcés d’une voix basse comme un souffle.
Ces quelques mots devaient avoir une signification bien étrange.
Le jeune officier pâlit en les écoutant.
Croyant avoir mal entendu, il regarda une dernière fois son chef.
Celui-ci soutint franchement ce regard, et, posant un doigt sur ses lèvres :
— Silence… obéissez ; il le faut, ajouta-t-il.
— Vous le voulez ?
— Je le veux.
— Bien ; ce sera.
Et le second s’inclina en signe d’acquiescement.
Le capitaine lui serra la main en souriant, et cela fait il alla au carrosse,