Depuis lors, on ne revit plus à terre ni le capitaine de la Rédemption ni aucun homme de son équipage.
Dix jours plus tard, un avis publié par les journaux du pays et affiché dans tous les lieux publics annonçait le départ du brick pour Marseille, avec escale à Cadix.
Nos lecteurs ne perdront pas de vue que le bâtiment qui avait amené le comte et la comtesse de Casa-Real s’appelait la Rédemption.
Le départ était fixé au 28 novembre, à la marée du soir.
Le navire prenait des passagers.
Ainsi que cela arrive souvent sur les côtes américaines, plusieurs hommes de l’équipage avaient débarqué, d’autres déserté.
Force était donc au capitaine d’engager d’autres matelots et de se faire un nouvel équipage.
On ramassa tous les individus sans emploi qui se rencontrèrent sur le port.
Le temps pressait.
Naturellement, ces engagements furent conclus à la diable, sans renseignements ni certificats.
Il fallait partir.
La veille du jour fixé pour le départ, vers cinq heures du soir, un canot, monté par trois personnes, accosta le brick.
Celle qui se tenait à l’arrière du canot demanda si l’on pouvait parler au capitaine.
On lui répondit que le capitaine se trouvait à terre.
La personne à laquelle on répondit cela fit un geste d’incrédulité, qu’elle s’empressa de dissimuler de son mieux.
— À défaut du capitaine, puis-je m’adresser au second du brick ?
— De quoi s’agit-il ?
— Simplement de traiter du prix du passage pour plusieurs personnes qui désirent se rendre à Cadix.
— Montez.
L’inconnu monta à bord.
Son interlocuteur, un officier, l’attendait à la coupée.
— Vous êtes le second, monsieur ? demanda-t-il.
— Non, monsieur, répondit l’officier, je suis le lieutenant. Nous sommes en partance. Le capitaine et le second ont un grand nombre d’affaires à régler.
— Ne m’avez-vous pas dit qu’ils se trouvaient à terre ?
— Oui.
— Bien. N’en parlons plus. Êtes-vous chargé de les représenter ?
— En effet, si vous voulez bien me suivre dans le carrosse, nous serons plus à l’aise pour causer de ce qui vous amène.
L’inconnu suivit l’officier.
Lorsqu’ils furent entrés dans le carrosse, le lieutenant lui offrit un siège et en prit un lui-même.
— Je suis à vous, monsieur, fit-il poliment. De quoi s’agit-il ?