riches couleurs des oiseaux des îles voltigeant à leur aise dans une immense volière or et bleu, les glaces nombreuses répétant en longues perspectives les aspects variés de cette salle merveilleuse, aidaient au prestige de cette retraite verdoyante et pleine de fraîcheur.
La salle à manger d’hiver, donnant au midi, tout en stuc blanc, à colonnes bleues, avec bases et piédestaux dorés, avait entre chaque interstice de sa colonnade une vaste glace surmontant une console à manteau de porphyre ; de jaspe ou de malachite.
La voûte, peinte par Doyen, représentait Vulcain surprenant Mars et Vénus, et les enfermant dans son filet vengeur.
Le plancher, en bois des îles incrusté d’ivoire et d’ébène, les sièges en même bois que le plancher, ayant pour soubassements et pour dossiers des amours entrelacés, des servantes distribuées adroitement et rendant inutile la présence de valets curieux, donnaient à cette pièce un aspect tout particulier.
Par un couloir placé entre les deux salles à manger, on arrivait à une salle de concert, rouge et or, resplendissante de glaces.
Douze statues en bronze vert, drapées à la grecque, placées sur des piédestaux de bleu turquin, tenaient sur leurs têtes des corbeilles de fleurs et de fruits, d’où partaient des girandoles à vingt bougies.
En face d’une haute cheminée en portor, représentant un portique soutenu par quatre colonnes doriques, on avait placé l’estrade destinée aux artistes et aux virtuoses.
Dans les bas côtés de cette salle se voyaient des peintures de Watteau et de Boucher.
Le plafond, peint à fresque par Julien de Toulon, avait pour sujet la Descente d’Orphée aux Enfers.
Tous les meubles, rideaux, en velours vert garni de franges d’or, tranchaient heureusement sur le rouge vif des tapisseries et des murailles.
Traversons un grand salon, donnant sur le jardin, à six fenêtres d’ordre corinthien, dans les angles duquel huit guéridons, haut de dix pieds, soutiennent des groupes de cors de chasse formant girandoles, et huit lustres en cristal de roche, garnis de cinquante bougies chacun, font deviner l’effet magique de tous ces meubles, en velours cramoisi, éclairés, inondés des plus riches reflets, et entrons dans la chambre à coucher de la comtesse.
En mettant le pied dans ce sanctuaire du sommeil, on se demandait si c’était au sommeil ou bien à son ennemi, l’amour, qu’il fallait le consacrer.
Par-dessus une étoffe de soie rose tendre, on avait appliqué une mousseline des Indes parsemée d’étoiles.
À chaque relevé de la draperie, garnie en point d’Angleterre, se trouvait un bouquet de roses.
Entre les trois fenêtres en verres de Bohème, des consoles, à tablettes de lave rapportée, soutenaient deux groupes, songes d’amour et de plaisir.
Sur une cheminée en porcelaine de Sèvres, fantaisie plus que royale, aux parois de laquelle chantaient des oiseaux peints par Clinchet, il y avait une pendule en vieux bleu, formant socle et supportant deux chats craquelés se disputant une souris.