Le duc de Dinan, sentant la vérité des paroles de l’inconnue, céda la parole au banquier.
Celui-ci alla droit au fait :
— Cela admis…
— Vous l’admettez donc ?
— Procédons par hypothèse, madame, en partant de l’inconnu nous arriverons au connu, répliqua son interlocuteur, qui faisait de l’esprit sans le savoir.
— Continuez.
— Cela admis, à quel prix mettez-vous le secours que vous vous offrez… à notre corps défendant ?
— Je ne vous poserai qu’une seule condition.
— Laquelle ?
— Avant de la poser, j’aurai une question à vous adresser.
— Dites, madame.
— La maison où nous sommes appartient à M. le baron Kirschmark, n’est-il pas vrai ?
— À moi, oui.
— Le kiosque aussi, naturellement ?
— Naturellement.
— Ce kiosque me plaît.
— Ravi, madame, qu’il soit de votre goût, répliqua le banquier, qui ne comprenait pas où son interlocutrice désirait en venir.
— Je vous l’achète.
— Hein ? quoi ?
— Je vous l’achète.
— Le kiosque ? fit le banquier étonné.
— Le kiosque, oui.
— Mais le kiosque tient au parc.
— J’achète le parc.
— Mais le parc attient à la maison, au château.
— Eh bien ! j’achète le château, la maison.
— Vous achetez tout, madame ?
— Tout. Combien l’estimez-vous ?
— Cent… deux cent mille francs… au moins.
— Je prends le kiosque, le parc, la maison, dans l’état où ils se trouvent ?…
— Comment ?
— Vous me comprenez bien…
— Parfaitement.
— Sans que vous ayez le droit d’en enlever une épingle.
— Vous plaisantez, madame.
— Non pas, baron, je vous ai dit que nous n’avions pas le temps de rire. Est-ce marché conclu ?
Kirschmark ne savait plus où donner de la tête.
— Ma maison n’est pas à vendre, finit-il par répliquer.
— Je vous en donne trois cent mille francs.